Vers le Nord...
Au départ de Hienghène, la pluie nous accompagne… Quelques photos depuis la route….
Les pêcheurs
Les paysages toujours aussi beaux, des manguiers au bord de la route
avec les pluies, on aperçoit des chutes partout
Nous sommes dans la vallée de Tanghène ; lors desévénements des années 80, la tension entre les communautés était telle sur la côte Est que les Blancs ont préféré quitter la région.
Nous voilà arrivés « au bac de la Ouaïème ».
C’est le dernier bac du territoire, ouvert jour et nuit, il survit au projet de faire un pont. L’endroit est en effet Tabou : les ancêtres, à leur mort, viendraient se réincarner en carpes, au niveau du long croissant de sable blanc situé à l’embouchure. Selon les Kanaks, emprunter cette plage pour traverser exposerait le fautif au « Boucan » (mauvais sort). Le bac, il en existait une dizaine auparavant sur la côte Est, fonctionne en permanence sous l’action des passeurs qui se relayent 24h/24
Nous poursuivons notre route vers Pouebo, la route serpente sur des kilomètres entre mer, montagne, cascades et forêt tropicale dense. Le mont Panié culmine lui à 1629 m. La cascade de Tao, peut être le
point de départ d’une longue randonnée qui conduit au sommet en 6 à 7h de marche (Avis aux randonneurs !!!).
Nous envisagions d’aller jusqu’au bassin naturel au pied de la cascade. Pour s’y rendre,
demander l’autorisation à la tribu. Moyennant une modique somme, on peut obtenir l’autorisation de traverser la propriété. Malheureusement à cause des pluies, le sentier est fermé ….
Quelques photos quand même !!
Cette route est tout simplement magnifique, nous traversons, villages et tribus. Les cases kanaks, dressées sur les pelouses au milieu des arbres fruitiers sont adossées à la chaîne montagneuse et font face au superbe lagon…Même les abribus ont été peints … sans parler des boîtes aux lettres …. Ici quand on croise les gens on se salue d’un geste de la main, les enfants poussent des cris en guise de salut et arborent des sourires magnifiques… les étals proposent ici des fruits, des légumes et des sculptures en bois ou en pierre à savon.
Nous arrivons à Pouébo ,
commune qui vit essentiellement de la culture de la banane.
Attenant, le village de Balade, est
aujourd’hui un village fantôme alors que c’est ici que débarqua en 1771, le capitaine Cook.
Les premiers missionnaires catholiques arrivés sur la Grande Terre étaient conduits par l’évêque Guillaume Douarre. Ils débarquèrent à Maamaat près de Balade le 21 Décembre 1843 ; le chef Païma leur donne l’autorisation de construire un abri pour célébrer la messe de Noël. Deux ans plus tard, ils s’installent un peu plus vers l’intérieur des terres, sur le site de l’église actuelle de Balade.
En 1847, la mission de Balade subit une attaque lancée par les clans locaux. Ceux-ci sont accablés par la famine et les maladies en raison du passage des bateaux, dont les équipages ponctionnent périodiquement les richesses agricoles et répandent des maladies. Les missionnaires fuient à
bord de La Brillante arrivée à point nommé. En revanche le frère Blaise Marmoiton n’en réchappera pas. Son cadavre traîné dans la rivière, sera ensuite décapité et sa tête ornera la case du chef, non loin de Saint-Denis. Son crâne sera restitué à l’église en 1849.
Les vitraux rappellent l’attaque de la mission par les kanaks en 1847.
Les missionnaires se réfugient à Yaté, dans le sud de la Grande Terre puis sur l’île des Pins. Ils reviennent à Balade en 1851. En 1852, la mission s’étend et s’installe plus au sud, à Pouébo. En moins d’un an, l’évêque Douarre convertit plus de cent Kanak et procède aux premiers baptêmes.
La vue depuis l’église
A la suite de la découverte d’un gisement en 1863, les chercheurs d’or envahissent la petite mission, installent une gendarmerie et s’emparent des terres kanak pour y extraire le précieux métal.
En 1866, les Kanak réagissent par une pétition : Hippolyte Bonou, leur chef et l’un des premiers chrétiens convertis, est envoyé en exil à l’île des Pins, où il meurt l’année suivante. Peu après son
arrestation, les violences éclatent et les Kanaks tuent deux gendarmes et plusieurs colons français près de Oubatche, à environ 8 km au sud de Pouébo. En guise de représailles, on installe une guillotine à la mission, pour procéder à l’exécution de dix Kanak.
Quand le calme se rétablit, la construction de l’église de Balade peut reprendre pour se terminer en 1875. Le peuple kanak a érigé un drapeau pour signifier la fin de 158 ans de colonisation.
La vue en sortant de Pouébo
Après cette petite halte historique, nous reprenons la route pour rejoindre Ouéga et le Nord.
Après le col d’Amos, en redescendant vers Ouéga, le paysage change
Bien qu’étant du côté Est de la Chaîne, Ouéga est encore dans l’influence broussarde de la côte Ouest. Ici le temps semble s’être arrêté tellement l’atmosphère y est silencieuse. C’est un village tourné vers l’agriculture, l’élevage, et la pêche aux crabes. On peut y visiter des sépultures kanak dans
les grottes sacrées ainsi que des vestiges miniers.
Nous nous dirigeons maintenant vers la pointe Nord, le secteur le plus sauvage. La RPN1file plein nord et joue les montagnes russes
jusqu’à ne devenir plus qu’une piste
où on peut croiser des chevaux sauvages
et nous voilà parvenus au bout du bout !
Pour ce soir ce sera hébergement au relais de Poingam.